L’acier est le matériau auquel Giovanni Gelmi a consacré la plus grande part de sa création.
Ses sculptures en acier Corten sont autant d’envolées lyriques, légères et voluptueuses dans l’espace.
Elles se contemplent et renouvellent à chaque instant l’émerveillement du regard et le déclenchement de la rêverie.
Plusieurs de ces sculptures sont encore disponibles à l’achat.
« Arabesque d’acier, encens sculptural, clé de sol chorégraphique, une composition de Gelmi surprend chaque fois autant par son audace formelle que par son déséquilibre savamment étudié. Au moindre toucher elle s’anime et chante dans l’espace qui épouse sa musique comme l’air accueille les feuilles vagabondes ou la fumée d’un feu fantasque et bavard. Chez Gelmi le geste est essentiellement sonore et invite à la danse, à la parade, à la séduction des hanches et des chevilles. Paré d’un vernis lumineux, le fer se féminise et se raffine, resplendit, virevolte et devient flamme, fontaine, couple, ballerine, nœud, serpentin, lettre et rime d’amour… Précieuse, baroque, maniériste, italienne jusqu’à la pointe de ses ailes, une envolée d’une telle finesse rivalise avec les plus aériennes élégances des jardins transalpins… »
Michel Ducobu
« Les nœuds en Acier Corten de Gelmi ne sont pas des problèmes. Plutôt des fragments d’histoires: des rubans pointés vers le ciel entre mystère et réalité. Le mystère, celui qui découle du travail d’un artiste modeste et attachant dont l’atelier est un laboratoire: un condensé d’essais et d’erreurs et de tranches de vie. La réalité, celle de la matière – l’acier Corten – qu’il plie, enroule et structure avec conviction et détermination. L’envol est fougueux. Le mouvement majestueux. «
Marie Honnay
Calligraphie de l’espace par Lucien Rama
Rencontrer un artiste en devenir est toujours un plaisir d’une rare intensité. J’avais découvert régulièrement les œuvres aériennes et musicales de Giovanni Gelmi au fil des expositions de plein air ces dernières années. Le temps de la rencontre était venu.
Ce sculpteur qui dompte le métal depuis plusieurs années, est l’auteur de « totems aériens » qu’il assemble et transforme au gré de son inspiration par un savant mélange de formes qui donnent vie à d’énigmatiques arabesques. Il faut dire que ce plasticien belge, d’origine italienne, n’est pas seulement un chasseur d’instants envolés, il est aussi un remarquable artisan. Depuis toujours le métal l’a appelé. Il est vrai que son monde est fait de rencontres improbables avec un matériau d’apparence froid et lourd. Et pourtant, le métal qui devient entre ses mains une signature, est parfois un véritable moment d’éternité mais toujours un exploit de technicité. Je suis directement séduit par l’élégance de son univers ; une sensation de légèreté, des lignes naturelles s’en dégagent.
Ces sculptures que l’on retrouve aujourd’hui dans de nombreux lieux d’art en Belgique, en Italie se jouent de la lumière et s’étalent au travers des jeux d’ombres.
En travaillant l’acier de la sorte, sculpteur ne cherche pas à imiter une apparence sensible mais à donner une forme visible à une présence invisible, presque surnaturelle. C’est ainsi que de simples blocs de fer en courbes ou longilignes, entre ses mains, s’ennoblissent.
L’homme habite et travaille sur les hauteurs de Seraing, sa ville de naissance. Volubile, il sait parler de « ses » métiers. Rapidement au fil de la conversation, il m’invite à découvrir son « double espace » de création. Giovanni peint et sculpte mais il scinde ses deux activités entre le garage et le grenier, entre le monde terrestre et le monde aérien. Encore une histoire de verticalité. L’homme aime aller à l’essentiel.
Le public ne résiste pas à cette griffe particulière qui fait de lui un calligraphe « verticaliste », reconnaissable au premier coup d’œil. Ce savoir-faire universel n’est cependant en aucun cas hermétique, permettant à chacun une lecture multiple.
Il me confie que tout au long de son apprentissage de professeur, il s’est laissé absorber par le médium de base. Ensuite, très vite, en suivant l’enseignement des Beaux-arts à Huy, il affirmera sa filiation avec l’art d’aujourd’hui, poursuivant toujours une réflexion personnelle sur la fragilité, l’équilibre, les formes, car l’art d’assembler et de plier est en lui.
Sa peinture comme son œuvre de sculpteur, évoque trace, le rapport brut à la couleur, mais c’est avant tout dans la troisième dimension que son inconscient trouve sa source d’inspiration. La sculpture prend le pas sur la peinture, au fur et à mesure, et c’est ainsi que se cristallisent une sensation ou une belle courbe. Ainsi le résultat final n’est jamais connu à l’avance.
Par un savant mélange de matériaux soudés, il donne vie à ses sculptures filiformes inspirées de l’art africain ou de la calligraphie orientale. Riches en matériaux de toutes sortes, les manifestions de Gelmi sont toujours le fruit d’une spontanéité stupéfiante. Et les sentiments qu’il traduit ou qu’il incarne naviguent dans toutes les gammes émotives : de la résiliance, au nœud « Vincien », à l’étonnement et à la grandeur. Et comme les masques du Cameroun qui sont considérés comme des condensateurs d’énergie, les œuvres de Gelmi sont profondément rythmées. La force qu’elles contiennent et qu’elles dégagent ont toujours pour sources des thèmes récurrents qui évoquent le lien entre la terre et le ciel : l’envol, les nœuds, la verticalité, l’union, la fusion, la danse ou l’ouverture. Leur fonction est de susciter une image en faisant abstraction de toute ressemblance; elles visent uniquement à évoquer la trace, l’empreinte au moyen d’un agencement rythmique des volumes. L’apparence importe peu ! Car ce qui compte, c’est de créer une réalité qui suscite une puissance dictée par le métal, une matière qui n’accepte pas toutes les contraintes. C’est cette connaissance approfondie du métier qui occupera une place fondamentale dans ce travail fait d’une part de force et de légèreté, d’autre part de poésie et de technicité.
Il n’y a pas de doutes, ce travail « cosmique » entraîne une adhésion immédiate car il défie les lois de l’équilibre.
Lucien Rama Critique d’art
Dans les volutes d’acier que dessinent dans l’espace les Nœuds, dans les rondeurs des Coquilles, dans le mouvement des Marcheurs, dans les imbrications des Insertions, chacun devine la gestuelle du sculpteur.
On imagine le feu découpant l’acier, les brasiers intenses de la soudure, la gestuelle ancestrale de la forge. La matière, l’acier Corten, est la plus noble à nos yeux. Celle qui porte en elle, dans sa teinte rouille, dans sa fausse légèreté, dans sa souplesse et son chant muet, une histoire qui nous appartient. On retrouve, en les contemplant, en tournant autour d’elles pour en apprivoiser chaque perspective, les volutes d’une musique, un battement d’ailes, un souffle de feu.
Des plus petites aux plus monumentales, les sculptures d’acier semblent écrire dans l’espace une rêverie que nous inventons à chaque regard. Ainsi, dans la série Les Marcheurs, aimons-nous singulièrement Les funambules. Deux figures en équilibre sur un fil marchent d’un pas d’amble. Certaines fois, on dirait qu’ils sautillent d’allégresse ; d’autres fois, qu’ils sont au bord du vertige ; d’autres fois encore, qu’ils nous invitent à un pas de danse…
Chacun imaginera pour lui le compagnonnage qu’il souhaitera inventer avec l’œuvre. Il en va de même avec les Nœuds, dont on essaie de se perdre dans le vertigineux parcours, comme devant une gravure d’escher. Il en va ainsi avec les Coquilles dont le tracé voluptueux évoque autant les cosses végétales que de lointains masques cérémoniels.
Le foisonnement d’une œuvre originale, sa force singulière, cette éternité que lui prodiguent à la fois le geste de l’artiste et la noblesse ancestrale de la matière, expliquent s’il en était nécessaire qu’elles ont trouvé place dans différents lieux publics en Belgique- Huy, Statte, Ouffet, Seraing, Wanze et au Luxembourg à Differdange, mais également dans des collections de la Province de Liège et d’Ethias Assurances.
© Jean Jauniaux, écrivain
Giovanni Gelmi ne se définit pas comme un intellectuel. Il travaille à l’instinct. Il part d’une idée et muni d’un chalumeau et d’un étau il joint la technicité à l’art.
Il s’adapte constamment et ce dès le début de la conception. D’ailleurs il ne donne un nom à sa création qu’une fois celle-ci terminée. Il fait tout lui-même.
Son matériau de prédilection est l’acier corten. La matière est faites de carbone, de fer, de chrome, de cuivre, de mobidème. L’oxydation de l’acier protège l’intérieur de la matière et lui donne son aspect brunâtre. Il lui arrive de se munir d’un gabarit pour se guider dans son travail, mais ce n’est pas systématique. Il plie, coupe et tord à partir de feuilles d’acier de 2 à 3 mm d’épaisseur. L’entrecroisement de la matière sur elle-même est à la base de ses créations.
Il crée un moment d’éternité qui naît d’un exploit de technicité.
Il rend à une matière lourde et froide, une impression de légèreté, d’équilibre à travers des courbes élégantes qui gravitent entre ciel et terre.
Partant d’une notion de verticalité, le noeud surélevé repose en général sur un support métallique quand destiné à être exposé à l’extérieur ou éventuellement en bois quand destiné à être exposé à l’intérieur.
Monsieur Gelmi, ne crée que des originaux, car même semblables les pièces ne sont jamais identiques. Les « défauts » de fabrication sont laissés apparents. Pour lui, la sculpture définitive ( le volume ), est le résultat d’assemblages de feuilles de métal.
La sculpture traduit donc le passage des deux dimensions vers les trois dimensions. Il s’agit d’une réflexion technique ( capacité de réalisation ) en vue d’un résultat artistique.
Belgique
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